Impressions de voyage en Ouzbékistan
La place du Reghistan à Samarkand |
Impression sur un voyage en Ouzbékistan de deux petites semaines, en octobre 2014, qui m’a permis de combler une grosse lacune dans mes connaissances des pays de l’Asie centrale. Les oasis de la région de l’Amou Daria ont en effet joué un rôle majeur dans l’histoire des civilisations indo-européennes et dans le développement de la route de la soie.
J’ai profité d’un voyage organisé par un consultant de ma région pour me joindre à un groupe et visiter les principaux sites historiques de l’Ouzbékistan.
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Minaret inachevé à Khiva |
Bénéficiant d’une liaison directe de Paris à Urghench (ville principale proche de Khiva dans l’ouest du pays) le voyage s’est déroulé d’ouest en est, avec la visite des sites les plus importants : Khiva, Boukhara, Samarkand pour se terminer à Tachkent, la capitale.
Une excursion à Chakrizabs, ville de naissance de Tamerlan, et une nuit sous la yourte chez des nomades Kazakh, dans le désert du nord du pays, ont complété le voyage.
Si j’ai particulièrement apprécié de découvrir les beautés des monuments reconstruits sur les trois principaux sites, j’ai aussi aimé resituer le rôle que cette région a eu dans le développement des civilisations et en particulier comme terre d’échanges entre l’Asie chinoise, l’Europe et le monde Persan et Arabe. On a tendance à oublier en occident que les plaines de l’Amou Daria et Sir Daria avec tout particulièrement la région du Khorezm, eurent un rôle analogue a celui du croissant fertile de la Mésopotamie.
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Rue de l'ancienne Khiva |
La constitution récente d’un état Ouzbek (au moment de l’URRS) rassemblant des fiefs ayant eu chacun leurs propres rôles dans l’histoire, conduit aujourd’hui au renforcement d’un fort nationalisme pour justifier existence du pays, dans un environnement d’états voisins de cultures très différentes. Bien que le peuple Ouzbek soit d’origine nomade, il ne s’est installé dans les oasis de l’Amou Daria que depuis le XVème siècle, en provenance du bassin de la Volga, ils sont devenus des sédentaires au contact des populations persanes et tadjiks déjà présentes. Ils se sont donc engagé dans l’agriculture, en particulier celle du coton sous l’injonction de la Russie tsariste puis de l’URSS. Ils ne partagent plus les valeurs nomades des Turkmènes, Kirghizes ou Kazakh, ni vraiment les traditions musulmanes plus marquées des Afghans ou des Iraniens, voire des Tadjiks.
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Chameaux (à deux bosses) dit de Bactriane |
La région de l’Ouzbékistan actuel fut une zone de passage et d’échange depuis des temps immémoriaux. Elle fut mainte fois conquise et dévastée par les armées venues de tous horizons, qu’il s’agisse des Perses, des soldats menés par Alexandre de Macédoine (vers -350), de l’expansion arabo-musulmane des années 750, des hordes de Gengis Khan (vers 1200) et d’autres venues du nord.
Tamerlan, lui originaire de la région, dévasta toute l’Asie centrale (autour de 1400) et déporta à Samarkand, architectes et hommes de l’art pour édifier de grandioses monuments. Ce carrefour d’échanges commerciaux qui enrichi Khiva et Boukhara, fut aussi un endroit de rencontre des grandes religions, puisque le Bouddhisme a effectué une première migration jusqu’en Chine en provenance de l’Afghanistan.
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Les jeunes Ouzbèques, sont loin d’être voilée dans ce pays musulman |
Elle aussi fut à l’origine de migrations majeures vers l’Europe et l’Asie méridionale. En remontant très loin dans le temps (-2000) ce sont les Indo-Aryen qui migrèrent lentement vers la vallée de l’Indus et donnèrent ensuite naissance une nouvelle civilisation Hindoue. Plus tard, un descendant de Tamerlan, Babur, partit à la conquête de l’Inde du Nord et y débutera l’ère des grand Moghol.
Alors que l’histoire de l’Asie centrale ne se comprend que globalement, il a été un peu dommage que notre guide, bien que compétent sur l’histoire détaillée des sites visités, ait eu un discours nationaliste trop « politiquement correct ». Il nous a vanté en permanence que les réalisations de l’Ouzbékistan depuis l’indépendance, et présenté que sous des jours glorieux, la vie de Tamerlan, devenu pour des raisons politiques un héros national. Ce fut pourtant un des conquérants des plus sanguinaire que la terre aie connue.
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Mausolée de Tamerlan à Samarkand |
L’Ouzbékistan actuel reste certes confronté aux difficultés économiques et environnementales provoquée par la culture intensive du coton hérité du passé. Si l’existence des oasis de Boukhara et Samarkand en particulier et plus anciennement celle de Khiva dans la région du Khârezm ne doivent leur survie qu’à d’importants travaux d’irrigation, le développement au-delà de toute raison de la culture du coton a conduit à dépasser les limites et conduire à l’asséchement de la mer d’Aral. On doit cependant reconnaitre que des retenues d’eau considérables ont été faite en amont des fleuves Amou Daria et Sir Daria, autorisant le développement de surfaces agricoles plus proche des régions habités que de celles quasi désertique situées vers la mer d’Aral. Les deux problèmes les plus cruciaux proviennent de l’utilisation intensive des pesticides collecté par le filet d’eau restant s'écoulant vers ce qui fut une mer intérieur, et aussi en raison de la baisse du niveau des eaux, par le dé-confinement d’une île qui n'en est plus une et où furent menés du temps de l’URSS des recherches bactériologiques à des fins militaires. Maintenant à l’abandon, les installations et leurs ex locataires animaux sont devenus une source grave de prolifération de maladies dangereuses (Anthrax, peste, variole……) non sans impact sur les populations environnantes restantes.
Champ de coton |
Du point de vue politique, l’Ouzbékistan est considéré comme une dictature. (C’est le cas de toutes les ex républiques de l’URRS à l’exception du Kirghizstan). En n'en visitant que les hauts lieux touristiques, aucune présence policière ne se fait remarquée. Le pays indépendant de fraiche date (20 ans) semble plus préoccupé par son développement de l’économie de marché, son indépendance énergétique et politique, que par les valeurs démocratiques qui nous sont chères.
Il est à remarquer une résurgence des pratiques religieuses dans ce pays de tradition musulmane sunnite, mais on est bien loin d’un quelconque intégrisme. Nous y avons vue moins de femmes voilées qu’en France. La tradition Ouzbèke laisse une large place aux anciens (les Aksakals) dans les cellules familiales étendues, ce sont eux les plus fervents pratiquants rencontrés dans les mosquées, bien que la jeunesse ne s’en désintéresse pas.
Nos visites des sites majeurs nous ont donné à admirer les remarquables monuments considérablement restaurés, voire reconstruit, au point de transformer les centres villes anciens en espaces musées. On pourrait presque avoir l’impression qu’il en a été trop fait, présentant des réalisations presque trop parfaites.
Il ne fait pas de doute en tous cas que l’artisanat local a été bien valorisé et que le savoir-faire bien reconstitué. L’Ouzbékistan dispose ainsi d’un patrimoine propice au développement touristique et tout est fait pour rendre les lieux plaisants et sécurisants.
Notre voyage ne nous a pas conduits dans l’enclave très peuplée de la vallée du Ferghana, coincée au pied des montagnes du Tien Chan (montagnes célestes), terre des nomades Kirghizes. La proximité des deux peuples de cultures bien différentes n’est pas de toute tranquillité. Des massacres ont eu lieu en 2005 faisant des milliers de victimes et d’autre en 2009. Cette région instable est aussi un terrain d’agitation pour les islamistes (ou qualifiés de tel par le pouvoir en place) infiltrés depuis l’Afghanistan tout proche. La crainte d’une contagion intégriste est grande et toute opposition au pouvoir en place est jugulée fermement.
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pain plat et rond traditionnel dans toute l'Asie centrale |
Il ne faut pas oublier non plus que l’Asie centrale reste un endroit de circulation des marchandises en tous genre et d’emprise des mafias dominant en particulier l’écoulement de la drogue (l’héroïne, l’opium) produite en Afghanistan. Cela a été aussi le passage, par Termez, de la logistique de guerre Américaine pour combattre en Afghanistan.
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enfant à la grenade (le fruit!) |
Un voyage très intéressant donc, qui comble un manque dans mes connaissances de l’Asie centrale. Je n’ai plus de prétextes pour ne pas publier bientôt, des pages sur le site des peuples du monde concernant une région si riche en contributions au développement des civilisations européenne et indienne. Mais il faudra patienter un peu.
J’ai aimé l’accueil souriant de la population, l’évocation de la culture persane à travers les nombreuses mosquées des trois villes mythiques, Khiva pour ses minarets, Boukhara pour ses places et arcades des bazars, Samarkand pour sa légendaire place du Réghistan.
Les jeunes Ouzbecks n'échappent pas à la mode internationale des photos de mariage en tenue occidentale (comme je vous l'ai déjà montré en Chine à Canton) |
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Le Tchor Minor à Boukhara
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