Iran
L’Iran que j’ai visité dans les années 70 n’a plus rien à voir avec celui que je viens de redécouvrir en 2016. C’était encore le régime du Shah et le pays était déjà en pleine mutation sous sa poigne de fer. J’en garde pourtant un souvenir d’un pays très accueillant où la douceur de vivre contraste avec la dureté du climat majoritairement désertique
L’image qu’en donne aujourd’hui les media occidentaux est bien différente de ce que l’on observe au quotidien.J’ai trouvé un pays moderne, et dynamique ; en plein dans la société de consommation, avec une activité urbaine frénétique et embouteillée, et avec des gens paisibles, souriant, et accueillant.
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place des Immams (ex place royale) à Ispahan
L’Iran que je viens de redécouvrir en septembre 2016 est bien différent de l’image donnée par les médias. J’ai trouvé un pays moderne, et dynamique ; en plein dans la société de consommation, avec une activité urbaine frénétique et embouteillée, avec des gens paisibles, souriants, et accueillants.
jeunesse Iranienne à Shiraz
Certes les femmes doivent porter une tenue « islamique » : manches longues, jambes couvertes et un foulard, mais qui peut être très léger, ne cachant pas une certaine coquetterie des plus audacieuses.
Il n’en demeure pas moins qu’une police des mœurs existe bel et bien et que les Mollâs sont bien au pouvoir, même si dans les rues ils sont discrets. Je n’en ai même pas croisé une demi-douzaine en costume religieux dans les rues des villes visitées. La seule contrainte observée concerne l’impossibilité d’utiliser les cartes bancaires dans les distributeurs pourtant nombreux, et l’interdiction d’accès à certains sites internet, comme Facebook.
le Bazar d'Ispahan
À aucun moment on ne ressent le moindre effet d’un embargo largement contourné. S’il y a beaucoup de touristes, y compris iranien, dans les mosquées, elles sont peu fréquentées même au moment des prières. Les seuls endroits où s’exprime une ferveur populaire importante sont les tombeaux des grands hommes et des grands saints du Chiisme.
Les hommes et les femmes semblent vivre sur un pied d’égalité, dans la classe moyenne, bien que cela ne le soit pas inscrits dans les textes juridiques. Les femmes « valent la moitié d’un homme » bien qu’elles aient le droit de vote à égalité avec les hommes. Elles participent pleinement à la vie active, conduisent les voitures, exercent tous les métiers, et participent à toutes les activités de la vie courante et dans les entreprises.
qui dirait qu'on est en Iran?
L’organisation politique iranienne est au demeurant bien particulière, mi-théocratique, mi démocratique, d’une complexité qui nous étonne, mais qui est issue d’une histoire riche et avec un art consommé pour les fioritures dignes des miniatures persanes.
La mise en place de la République islamique par Khomeiny consacre la création du 1er état clérical chiite de l’histoire. Elle assume la cohabitation du droit religieux, transnational et du droit civil et gère l’antinomie entre « l’autorité du juriste religieux » avec la Charia et la « souveraineté populaire » avec sa juridiction civile, mais dont le Guide est le garant.
Ali Kamenei, guide suprème
Le rôle du guide suprême s’apparente un peu au rôle d’autorité morale transnationale dévolu au Pape dans la religion catholique, mais disposant encore des droits régaliens essentiels du pays (justice, armée) et entouré de grands acteurs de la vie économique.
L’Iran est le point de rencontre et de passage entre occident et orient. La Culture persane s’est construite avec les peuples de sédentaires et de commerçant entre Orient et occident, ayant intégré les apports des nombreux nomades venus des steppes du nord-est.
Grand mère de la tribu des Qashqais et son petit fils
Le pays fut très souvent envahi, par les Grecs d’Alexandre, les Romains, les Arabes, puis les Turcs Seljouquides et les Mongols de Gengis Khan et Tamerlan. Tous ravagèrent le pays avant de faire de la Perse un joyau de leur empire, car la civilisation iranienne a toujours fini par assimiler ses envahisseurs. Cette histoire a développé chez les Iraniens le sentiment d’être un peuple indépendant encerclé par d’autres peuples hostiles. Jusqu’au XIXe siècle, la Perse ne fut jamais colonisée, mais malmenée par les empires britannique, russe et ottoman. L’Iran fut islamisé, utilise l’écriture arabe, mais ne fut pas arabisé.
Persepolis
La guerre Iran-Irak de 1980 à 1988 fut un grand traumatisme dans la vie des jeunes iraniens qui y furent sacrifiés par millions. Les anciens combattants tiennent encore une place importante dans les institutions et fondations avec des gardiens de la révolution ne rendant compte qu’au Guide suprême et les martyrs sont encore célébrés largement avec des panneaux de leurs portraits installés dans les avenues et les mosquées du pays. L’Iran est un pays hyper nationaliste, mais pas impérialiste.
Mosquée du vendredi à Ispahan
L’étonnante modernité de la vie sociale et politique iranienne se constate par le comportement de la jeunesse très branchée habillée à la dernière mode et aime se faire refaire le nez par les meilleurs chirurgiens esthétiques. Elle joue à ridiculiser les gardiens de la révolution, maintenant catalogués d’anciens combattants, écoute de la musique pop, défie la police au cours de poursuites urbaines risquées et de produit des tags provocants sur les murs, utilise les bus en guise de « boite de nuit » pour échapper aux contrôles de la police des mœurs cependant encore très présente. Un jeune ne peut pas sortir seul avec une jeune fille sans la surveillance des parents. La vie de famille n’en est pas moins largement affichée et encouragée par les religieux.
Les piqueniques, surtout le soir en période estivale occupent largement les jeunes et moins jeunes qui viennent comme à Ispahan par exemple s’installer sur les gazons verts de la place principale.
Invitation à gouter sur la place royale d'Ispahan
Après ce survol des quelques aspects de la vie quotidienne iranienne que j’approfondirai dans de prochains billets, c’est à un vaste tour d’horizon que je vous convie. Ce très beau voyage nous a permis de rencontrer les traces de très vieilles civilisations élamites, mèdes achéménides, parthes, zoroastriennes, sassanides, chrétiennes et musulmanes, au détour de paysages grandioses et variés.
dome de mosaique de la mosque privée du shah à Ispahan
Du sud-ouest au nord-est, nous avons traversé des déserts parmi les plus arides du monde (Dasht-E-Lut) planté d’oasis (Kerman et sa région) aux montagnes dénudées et enneigées de l’Elbourz (5600 m), en passant par les hauts plateaux et leurs jardins paradisiaques (Chiraz et Ispahan) et les plaines tropicales parsemées de plantations de coton et de thé (mer Caspienne).
Paysage typique de l'Iran avant tout désertique
Notre voyage fut organisé par Christiane Marchais, guide conférencière remarquable, travaillant régulièrement avec l’agence Intermède. Passionnée de la culture iranienne depuis plus de 25 ans, elle a su nous concocter un circuit très complet et très dense afin de tout voir en deux semaines, ce qui constitue un beau tour de force. Nous avons visité la majorité des 19 sites inscrits au patrimoine mondial.
Tombeau de Cyrus, fondateur de l'Iran il y a 2500 ans
Ispahan
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L’Iran est une terre de passage en orient et occident qui eut un rôle civilisateur important au cours des siècles en développant les relations commerciales et les échanges culturels entre l’Europe et l’Asie.
Le pays actuel occupe une superficie grande comme trois fois la France. Majoritairement désertique le pays est montagneux autour d’un plateau central. À L’ouest les montagnes du Zagros frôlent les 4000m. Elles arrêtent en hiver les nuages chargés de neige, venus du golfe persique. C’est la ressource en eau précieuse, captée et acheminée sur des dizaines de kilomètres de galeries souterraines millénaires, les Qanâts. Les vallées fertiles et les agglomérations se situent sur des plateaux à une altitude moyenne de 1500m. Le climat est très sec, avec un hiver doux, voire froid, et un été très chaud. Au Nord, le long de la mer Caspienne la chaine de l’Elbourz se couvre aussi de neige en hiver et culmine avec le Demavend à plus de 5600m. La cote est verdoyante et contraste avec le désert autour de Téhéran
Démographie : avec 80 millions d’hab. c’est le 3e pays du Moyen-Orient derrière l’Égypte et la Turquie de peu, mais plus que tous les habitants Arabes du golfe réuni. Depuis 1979, la population a doublé, mais le rythme se réduit, car les Iraniennes, parmi les plus éduquées du monde, ont ramené la natalité de 7 à moins de deux enfants par femme.
L’Iran est d’une importante diversité ethnique : 46 à 50% des Iraniens sont Persans, les populations de langue turque (Azéris, Turkmènes, Kashkaïs) représentent 20 à 24%, les Kurdes (7 à 10%) suivent les Baloutches et les Arabes. La plupart sont transfrontalièrs. Les Arméniens et les juifs forment des minorités encore actives.
Les Iraniens sont principalement des urbains, vivant dans de grandes agglomérations. Téhéran frôle avec sa banlieue, les 15 millions d’habitants, et Ispahan 6 millions hab., Shiraz, 4,2 millions, Meched, 4,5 millions pour ne citer que les plus importantes.
La région de basses terres le long de Chatt-el-arab, recèle dans son sous-sol l’essentiel des réserves pétrolières et gazières de l’Iran. (Deuxième réserve de gaz du monde)
Le style de vie est très occidentalisé dans les villes avec un grand écart de richesse entre les citadins, majoritaires, et les ruraux. Le niveau de vie moyen en 2015 est à peine en dessous de celui de la Turquie, mais encore 5 fois moindre qu’en France. L’inflation, bien qu’ayant été réduite, reste encore en 2016 entre 13 et 15%.
L’impact de l’embargo occidental semblait, lors de mon voyage en 2016, sans conséquence sur la vie courante. Les magasins étaient largement achalandés dans tous les domaines. Il est à remarquer que cela a obligé l’industrie iranienne à faire preuve d’ingéniosité et de privilégier largement une production, ou du moins un assemblage, local des produits manufacturés. Cependant, l'augmentation des sanctions imposée par les États-Unis depuis la mandature Trump a surement dégradé la situation.
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La civilisation persane figure parmi les plus anciennes de la planète.
Le 2500e anniversaire de la fondation de l'empire Achéménide, fut fêté avec faste à Persépolis par l’ex shah en 1971 et symbolisé à Téhéran par la construction de la porte "Azidi"
L’Iran tire ses origines encore avant, vers le IIIe millénaire av. J.-C., des premiers royaumes installés au sud-est de la Mésopotamie, aux pieds des montagnes du Zagros. (Royaumes Elamite de Suse)
À la fin du -VIe siècle av. J.-C., se constitua le Premier Empire perse Achéménide issue de mouvement, de peuples indo-européens (Indo-iranien) depuis l’Asie centrale, vers l’Iran actuel.
À la fin du IVe siècle apr. J.-C., l’empire perse Sassanide issue du fractionnement des conquêtes d'Alexandre s’affronta à l’Empire romain. Ce fûrent des siècles d'or pour la culture persane.
À partir de la deuxième moitié du VIIIe siècle, l’émergence de l’Islam s’accompagna d’une large conquête allant de la méditerranée occidentale à l’Inde et l’instauration du califat abbasside. L’Iran y fut soumis.
Dans la deuxième moitié du XVIe siècle, en parallèle à la fondation de l'Empire ottoman, l’Empire perse se reconstitua sous la dynastie Séfévide, avec pour capitale Ispahan
Au XVIIIe siècle la dynastie des Kajar transféra la capitale à Téhéran et c’est de là que régnèrent aussi ensuite les Pahlavi
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Photos d'Iran prises lors du voyages de 2016
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Le voyage sur la carte
Le circuit s'est déroulé dans l'ordre alphabétique