Impressions Bordelaises
Depuis longtemps, j’avais pour objectif de rejoindre l’Atlantique et de (re)visiter Bordeaux. De partout des éloges jaillissaient pour signaler que le réveil de « la belle endormie » avait eu lieu. Courrier international à consacrer un n° spécial en janvier dernier sur des articles de la presse internationale encensant vitalité de la métropole d’Aquitaine.
Je confirme. Dès ma première promenade en ville en mai 2016, c’est une impression de bien vivre qui frappe. La vaste promenade en bord de Garonne est devenue une succession d’espace ludique, d’échange, de mise en valeur qui donne une agréable sensation de jeunesse et de mouvement. Les rollers, les vélos, les patinettes, les skates, bref tout ce qui peut rouler en donnant les sensations de la glisse et donner un look de jeune sont présent sur les bords du fleuve.
Tout cela se déroule devant un front architectural d’une grande classe, agréablement mis en valeur par des trouvailles comme le miroir d’eau. Ce n’est pas un simple quai réaménagé, c’est une succession d’espaces de loisir le long du port de la lune (nom du classement au patrimoine mondial) qui vient de la forme des quais.
Vue du pont de pierre de 1821,
et au le pont Jacques-Chaban-Delmas de 2013.
Dès qu’on rentre dans la vieille ville, on navigue dans des rues animées et propres, dont la plus célèbre est sans contexte la rue Sainte-Catherine. Les bâtiments prestigieux comme le théâtre de bordeaux sont sans doute le clou d’un spectacle qui va de rue en rue et de place en place dans le centre de bordeaux particulièrement vivant.
Théatre de Bordeaux
Rue Sainte Catherine
En quittant le centre ancien on est vite frappé par le nombre de chantiers en cours, que cela soit en aval de la Garonne, avec la construction d’un quartier autour des bassins du port réaménagés, couronnés par la cite du vin à l’architecture futuriste, en cours de finition.
Cité des vins de Bordeaux
En Amont un vaste programme de rénovation dont la fin estimée vise 2027 va faire émerger un quartier d’affaires en bordure de la banlieue de Bègles, centré sur la gare Saint-Jean. Ce programme a été créé à la suite du lancement de la ligne LGV Bordeaux-Paris et à la volonté d'augmenter le poids de Bordeaux à l'échelle européenne.
Entrepris il y a déjà plusieurs dizaines d’années, les quartiers nord offrent une vision résolution moderne autour du quartier du lac, avec des immeubles avant-gardistes et des nouveaux quartiers en construction.
Quartier du Lac
Il ne faudrait pas oublier le quartier de Mériadec, un des premiers grands projets de modernisation de la villa, lancés par Chaban-Delmas, qui héberge entre autres des bâtiments des administrations régionales et qui constitue un trait d’union avec les quartiers ouest et Mérignac à la vocation industrielle de l’aéronautique et de l’espace
Bordeaux s’est doté d’un tram de plusieurs lignes. Dans le centre-ville un système de captage de l’électricité par un troisième rail central permet de s’affranchir de fils de caténaires aériens. L’ensemble de la ville ancienne dispose d’ailleurs d’un réseau électrique enterré. À l’avant-garde des services de mobilité écologique, Bordeaux a mis en place avec le groupe Bolloré, un réseau de voiture électrique en libre-service (comme les velib)
La ville et la région ont une solide réputation de bonne chère. Les restaurants sont nombreux et comptent maintenant des très étoilés que je n’ai pas testés. Si le commerce du vin fut à l’origine du développement de la ville, à l’époque sous domination anglaise, c’est depuis plusieurs siècles que maintenant la réputation de qualité des vins de bordeaux a gagné le monde entier. Devant une telle accumulation des superlatifs de la littérature spécialisée, je ne pouvais que parcourir en particulier la région du Médoc, là où se niche l’aristocratie des grands crus.
Chateau Margaux
Je vous invite à défaut de boire un verre, à un petit voyage dans les appellations des vignobles de Bordeaux :
Selon Robert Parker, « de toutes les grandes régions vinicoles du monde, Bordeaux produit avec régularité le meilleur niveau de qualité. Si l'on y trouve aussi quantité de vins dénués de complexité et de caractère, les mauvais y sont rares.
Les principales appellations des bordeaux vont du Saint-Julien aux Pauillac, margaux, sauternes, Sainte-Croix-du-mont, Castillon-côtes de bordeaux, etc.
Cos d'Estournel
L’aristocratie du vin est concentrée dans le Médoc et tout particulièrement sur le terroir de Pauillac. Selon une classification qui date de 1855, les premiers crus du Médoc ne sont que 5 à recevoir les bonnes années une note maximale au plan mondial.
- Château Lafite Rothschild, Pauillac ;
- Château Latour, Pauillac ;
- Château Margaux, margaux ;
- Château Mouton Rothschild, Pauillac (second cru en 1855, promu en premier cru en 1973).
- Château Haut-Brion, en appellation Pessac Léognan (Graves jusqu'en 1986)
Chateau Lafite Rothschild
Si des buveurs de grands vins auraient trouvé des affaires à faire dans les visites de caves, je n’ai pas rempli le coffre du camping-car. Les grands crus se vendent tout de même de 1000 à 2500€ la bouteille selon les millésimes. Tous ces grands châteaux ont cependant élargi leur clientèle en créant des seconds vins plus abordables, en bénéficiant d’une belle image de marque. Un Mouton Cadet Rothschild, par exemple, se négocie quelques dizaines d’Euros, seulement.
Si les vins des coteaux de la Gironde sont si bons, c’est en grande partie lié à leur situation géographique, derrière la barrière naturelle de la forêt des Landes qui la met à l’abri des vents de l’Océan, tout en lui laissant bénéficier des températures clémentes.
De la pointe de Grave jusqu’au bassin d’Arcachon, une belle forêt de pins offre un calme serein en bord de mer, séparé par un cordon de dune. Cette forêt n’existe que depuis quelques centaines d’années. Elle ne fut plantée qu’au XIXe pour fixer les dunes de sable qui empêchaient toute mise en valeur des landes de Gascogne. C’est comme cela qu’elle se nomme depuis Bordeaux, jusqu’à Dax et en triangle vers Agen au sud de la Garonne.
Des étangs importants bordent à l’intérieur, le front de mer. Hourtin en est l’un d’eux. Il y a 41 ans c’est là que je séjournais quelques semaines pour faire ce que l’on appelait « les classes » dans la marine nationale, juste avant de gagner Cadarache en septembre 1975. Aujourd’hui le centre de formation est à l’abandon. Il ne reste que les roselières où nous nous planquions pour fumer une cigarette.
Etang d'Hourtin
Pour terminer le tour du pays bordelais, une excursion bien classique à la dune du Pyla se révéla un peu ventée. La météo n’a cependant pas découragé les touristes présents. Un tout petit rappel de vents de sables sahariens.