Sulawesi, cette île en forme de pieuvre au nord de Bali est surtout connue des touristes par ses villages Toraja qui en ont fait une destination très fréquentée, surtout au moment de cérémonie funéraires gigantesques. La capitale, Makassar, est devenue une ville moderne avec ses grands immeubles de verre et ses centres commerciaux à l’occidentale, mais pourtant en 2006, il n’y a toujours pas de routes goudronnées pour aller du nord au sud de l’île, et des régions conservent encore des territoires quasiment vierges. C’est le cas du parc de Morowali où nous avons passé quelques jours chez les Wana, une population autochtone vivant encore comme chasseurs cueilleurs dans la forêt équatoriale.
Nous avions eu l’information qu’un rassemblement de chamanes allait avoir lieu dans un des villages de la forêt en septembre. Grâce au bateau d’Etienne, un ami de Bali organisateur de croisières, nous avons pu aborder sur les côtes du parc. A l’aide de pirogues de locaux, puis après une marche en forêt, nous avons pu arriver en fin d’après-midi dans un village de la forêt.
Une vingtaine de personnes étaient déjà là pour partager les repas du soir. Venu avec leurs tambours, gongs, et objets de leurs pouvoirs, une demi-douzaine d’homme et de femme entamèrent une soirée de chants pour atteindre les transes typiques des cérémonies chamaniques. La frappe lancinante des percussions favorisant leur communication avec les esprits.
Les Chaman œuvraient individuellement, entouré des familles dont certaines vaquaient à leurs occupations.
C’est sur le sol de la maison, sur des paillasses de bambou, que nous nous sommes endormis au son des gongs. Au petit matin, le village avait retrouvé sa vie traditionnelle, au chant des coqs. La nuit courte et peu confortable a été vite oubliée pour ne se souvenir que de ce moment insolite de partage de rites avec des gens simples et accueillants.