Carnet de voyage au Mustang

Ce fut un grand plaisir de redécouvrir cet ex petit royaume Tibétain, resté isolé du monde jusqu'en 1991. 18 ans après ma première visite, peu de choses ont changé. La vie s'écoule toujours hors du temps.

Les seuls progrès sont l'arrivée du téléphone portable et d'un peu d'électricité, mais pas partout. L'évènement le plus important sera sûrement la fin prochaine de la construction de la route (la piste) depuis le sud, des vallées népalaises. Cela fait plusieurs années maintenant qu'une piste relie le Mustang au Tibet voisin. Les marchandises Chinoises ont d'ailleurs commencées à prendre place dans les modestes boutiques des villages et de la capitale « Lo Mangthang ».

Le roi est toujours la. Il ne l'est plus en titre, depuis l'avènement de la république populaire au Népal, mais il conserve un rôle coutumier important. Il nous a reçu dans son palais séculaire de LO. La capitale est restée enfermée à l'abri de ses murailles. Peu de changement la aussi depuis 20ans, si ce n'est le pavage de certaines ruelles, et la restauration des monastères, qui découvrent maintenant la splendeur de leurs fresques du 15ème ou 16ème siècle. Elles sont reconstituées avec tout le savoir-faire d'une restauratrice française, qui forme des peintres locaux a l'art difficile de la peinture de l'époque Newars (un peuple népalais de la vallée de Katmandou) qui rayonnèrent par leur culture dans l'ensemble de l'Himalaya.

Notre séjour après la saison de mousson, bien qu'encore présente sur le versant sud de l'Annapurna, nous a permis de jouir des extraordinaires paysages désertiques de la vallée de la Kali Gandaki (appelée Mustang Kola ici). Notre itinéraire empruntait un chemin de retour différent de 1992, par la rive gauche de la rivière. Nous avons traversé dans une zone presque inhabitée, des paysages grandioses, dont les photos ne donnent qu'un petit aperçu tant ils sont époustouflants. On semble se déplacer dans les salles de grottes à ciel ouvert, aux gigantesques stalagmites, Les couleurs sont chaleureuses et aussi variées que dans l'ouest américain (Colorado, Brice canyon...)

Depuis la nuit des temps, le Mustang est habité. Les premiers locataires creusèrent d'innombrables habitations troglodytes dans les falaises friables des bords des torrents descendus des hautes montagnes environnantes. Depuis l'arrivée du bouddhisme (14ème siècle) des ermites et les lamas construisirent des lieux de méditation décorée de fresques d'une grande beauté esthétique. Bon nombre de ces caches perchées dans les parois ne sont toujours pas inventoriées. Les habitant du Mustang souhaitent ne pas déranger ces lieux de recueillement qui abritement des centaines de Tsha Tsha d'argile (petits moulages) en mémoire aux défunts. Aujourd'hui ils n'y pas plus de 7000 habitants dans le haut Mustang.

La région s'ouvre lentement au tourisme. Jusqu'en 2008 guère plus de 500/700 personnes/an, visitaient ce joyau de la nature et de culture authentiquement Tibétaine. Le nombre est passé a 1500/1800 personnes/an depuis la réduction des droits d'entrée fixés maintenant a 50$/j et par personne. Ces taxes autrefois de 100$/j devaient servir au développement du Mustang. La plus grosse part des montants collectés, ne sont jamais arrivés jusqu'au Mustang. Espérons que dans les années à venir, les habitants de ce royaume oublié puissent bénéficier comme tout le Népal, de l'arrivée du modernisme, eux qui vivent encore comme au moyen âge dans des conditions très difficiles d'hygiène et d'éducation.

Nous savons les contradictions que cela représente. Le monde moderne n'est pas sans apporter aussi son lot de malheurs et d'injustices. Les habitants rencontrés sont cependant apparus riant et vivant harmonieusement avec leur environnement ingrat. Il n'en reste pas moins que l'isolement n'est plus de mise entre l'Inde et la Chine bouillonnante et qu'il semble préférable, surtout pour les plus jeunes, de leur fournir des moyens, de l'éducation, des outils de communication, et de « profiter » de l'immense attrait de leurs beautés naturelles pour que les retombées du marché touristique leur permette de développer l'accueil et les visites, et ainsi de leur permettre de rester au pays. Le gouvernement du Népal souhaite faire de cette région une attraction touristique majeure dans les années à venir. Visitez le avant que les flots de touristes Chinois et Indiens ne déferlent.