Le territoire que l'on désigne sous le nom de "Tibet" n'est pas toujours clairement défini dans les médias occidentaux ou chinois (où il est appelé Xizang). En réalité, d'un point de vue ethnique et linguistique, le Tibet ne se réduit pas à ce que le gouvernement chinois appelle actuellement la région autonome du Tibet (RAT)
Cette "région autonome", créée en 1965, ne constitue en fait que la moitié de la zone où vivent les populations d'ethnie tibétaine et elle abrite moins de la moitié de la population de culture tibétaine de Chine.
Le territoire correspondant au Tibet historique s'étend en fait sur tout le plateau Tibétain (plus de 2 millions de km², environ 4 fois la France), soit pratiquement deux fois la superficie de ladite "région autonome" (1 130 000 km²) et déborde vers les hautes vallées de l’Himalaya, en Inde (Anurachal pradesh, Sikkim,) au Bhoutan ainsi qu’au Népal (le Kumbu et Solu, le Mustang et le Dolpo en particulier) et en Inde du nord, les vallées de Kinaur et Spiti, et plus au nord du Cachemire indien la région du Ladakh et du Zanskar
Le gouvernement de la république populaire de Chine reconnaît pourtant officiellement l'existence de ce Tibet ethnique et linguistique qui s'étend au-delà de la RAT et correspond aux provinces traditionnelles de l'Amdo et du Kham. En effet, toute la zone tibétaine s'étendant au nord et à l'est de la RAT correspond à des "préfectures autonomes tibétaines" (PAT) ; qui sont dotées d'un statut administratif particulier. On trouve en tout onze PAT (auxquelles viennent s'ajouter deux districts tibétains autonomes). Mais elles sont intégrées à quatre provinces chinoises (Sichuan, Qinghai, Gansu, Yunnan), ce qui rend ce Tibet oriental et septentrional peu visible d'un point de vue géopolitique.
Cette division du Tibet en une région autonome et onze préfectures autonomes est finalement si compliquée que les observateurs étrangers et les médias ont parfois tendance à considérer que seule la région autonome du Tibet réfère au "Tibet" à proprement parler, tandis que le Tibet oriental et septentrional correspondrait déjà à la Chine ethnique.
Sur le terrain, les choses sont plus simples que sur le papier. En effet, quiconque se retrouve dans ces préfectures autonomes tibétaines sait qu'il n'est plus sur le territoire traditionnel de la Chine ethnique, ou han, mais bien sur celui du Tibet. La raison en est simple : l'altitude et la présence des montagnes et des hauts plateaux. En effet, les PAT sont situées en général à plus de 3 000 mètres d'altitude, parfois à plus de 4 000 mètres. Outre l'altitude et le paysage environnant, l'architecture, les traits physiques de la population, le vêtement et la nourriture traditionnelle ainsi que de nombreux autres éléments rappellent que ces préfectures sont bien tibétaines et non chinoises (hans).
sources : texte Norbert Gauthier (CNRS), carte wiki
La nation est un « Ensemble de personnes vivant sur un territoire commun, conscient de son unité (historique, culturelle, etc.) et constituant une entité politique
La notion de Nation est in concept occidental apparu après le traité de Westphalie au XVIIIème siècle, lorsque les royaumes européens formalisèrent l’existence de frontières géographiques à l’intérieur desquelles la souveraineté nationale s’exprimait. Pour d’autre civilisation le concept n’est pas associé à une délimitation précise des frontières, mais à l’existence de réseau d’alliance plus ou moins souples avec des peuples suzerains.
La nation est devenue depuis la Révolution française la forme privilégiée sinon unique de l'organisation politique dans le monde si bien qu'elle peut nous apparaître comme le cadre « naturel » dans lequel se pense et se vit le lien social et politique moderne.
Il convient de distinguer la nation et l’État. « L’idée de Nation implique une idée de spontanéité; celle d’État, une idée d’organisation qui peut être plus ou moins artificielle. Une nation peut survivre, même lorsqu’elle est partagée entre plusieurs États; et un État peut comprendre plusieurs nations » (Cuvillier, Précis de philosophie)
« Ce que les hommes appellent civilisation c’est l’état actuel des mœurs et ce qu’ils appellent barbarie ce sont les états antérieurs » A.France.
« La civilisation ne peut se définir que par rapport à toutes les sciences de l'homme (géographie, sociologie, économie, psychologie collective) en n’ignorant pas l’histoire » F.Braudel