Peuples et ethnies d'Afrique de l Ouest
L’Afrique de l’Ouest compte de très nombreuses ethnies souvent très mélangées et transfrontalières. L’environnement géoclimatique conduit à avoir deux espaces de vie différents. L’un, selon une bande ouest-est semi-désertique, peu peuplée, nommée Sahel, et l’autre longeant les côtes atlantiques du golfe de Guinée au Sénégal a pluviométrie saisonnière importante, favorable à l’éclosion de multiples groupes ethniques sédentaires.
En Afrique et en Afrique de l’Ouest tout particulièrement, les « ethnies » sont des identités bien plus pertinentes et authentiques que les « nationalités » (au sens moderne du terme). En effet, si les notions de « Togolais », de « Camerounais » ou de « Malien » n’existent que depuis soixante ans (à peine deux générations), les notions de Béti, de Sérère, de Peul, de Sénoufo, d’Ewé, de Fon, de « Yorouba » ou de Kabyè existent depuis bien plus longtemps, plusieurs siècles même (bien plus d’un millénaire pour certaines antiques nations comme les Yoroubas).
L’Afrique de l'Ouest apparaît comme un lieu d‘intense brassage de populations. Les migrations à l’intérieur de la région représentent de l’ordre de 90% du total des migrations ouest-africaines ; ces migrations intra régionales sont au moins sept fois supérieures aux migrations vers l’Europe.
Si la mobilité représente un mode de vie lié, à son origine, au nomadisme, la colonisation engendre de nouveaux types de flux principalement destinés à satisfaire les ambitions agricoles des industries agroalimentaires : plantations de cacao, de café et d’hévéas, culture de l’arachide et les industries forestières. Cependant, la forte mobilité au sein des espaces socioculturels traditionnels comme la zone Haousa Kanuri, l’arc Peul (du lac Tchad au Fouta Djalon), l’aire Mandé, préexistaient à la colonisation, ni due aux indépendances.
Migrations économiques
À partir des années 1970, trois flux migratoires ont structuré la circulation régionale : le pôle Ghana-Côte d’Ivoire sous l’effet notamment de l’économie du cacao et du café, le Nigeria et sa manne pétrolière, le Sénégal par les échanges commerciaux et l’arachide. À ces causes, s’est ajouté l’effet de l’urbanisation qui a attiré nombre de populations vers des mégapoles ou vers les zones a fortes activités économiques qui se sont développées avec la mondialisation des échanges. Elles se renforcent avec le besoin de mobilité d’une population, comptant 60% de personnes de moins de 25 ans, qui ne trouvent plus d’activités sur leurs lieux de naissance.
Migrations climatiques
Avec la progression du désert, les communautés pastorales du Sahel central se déplacent de plus en plus vers l’Afrique centrale. Alors qu’il n’était encore que saisonnier et temporaire à la fin du siècle dernier, le mouvement du bétail et des hommes en provenance du Sahel central donne maintenant lieu à un nouveau front pastoral au nord des régions forestières et modifie le peuplement. Cette nouvelle migration climatique nord-sud recompose discrètement, mais profondément la géopolitique régionale : elle entretient des guerres de terroirs loin dans la brousse, introduit l’islam dans de nouveaux territoires et est vécue comme une invasion par les communautés autochtones. En remettant en cause la frontière invisible écologique, religieuse, sociale, politique et économique séparant l’Afrique sahélienne et l’Afrique méridionale, le glissement vers le sud des éleveurs sahéliens va exacerber la conflictualité actuelle.
Contrairement a une idée répandue en Europe, l’Afrique sub saharienne émigre peu en dehors du continent, surtout en raison même de sa pauvreté. (Les migrations sont à 70% entre pays sub Sahariens et seulement 15% vers l’Europe, ce qui ne représenterait que 3 à 4% de la population européenne vers 2050)
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