Karen de Thailande
L’histoire récente des Karen, et en fait les tribus des montagnes entre Birmanie et Thaïlande remonte à une première migration de Karens vers le royaume du Siam qui interviennent au XVIIème siècle, pendant les conflits entre Birmans et Thaïs. De nombreuses exactions sont commises contre les peuples minoritaires et durent fuir leurs villages. Ils sont finalement contraints par les Thaïs d’assurer la sécurité du nord de la frontière entre le Siam et la Birmanie. Ils s’installent alors dans les montagnes du sud de Chiang Mai.
La dynastie des rois Rama du Siam, poursuit sa politique en faveur du peuple Karen, au point que le roi Rama IV se proclame Roi des Karens au milieu du XIXème siècle. A la fin du XIXème siècle, plusieurs colonies karens acquièrent la nationalité thaïe et s’enrichissent en développant des réseaux de vente de produits rares comme le bois précieux, les défenses d’éléphants etc.
Les Karens citoyens thaïs payent l’impôt et élisent leur chef de village. Certains gagnent les villes ou ils sont formés et entrent dans la police ou l’armée.
Au début du XXème siècle, l’attractivité de la frontière et son rôle stratégique diminuent, et l’intérêt des dirigeants thaïs pour l’ethnie s’en ressent. Rama V renforce la centralisation du pouvoir à Bangkok, ce qui provoque la nomination de fonctionnaires thaïs pour administrer les zones montagnardes karens. D’aucuns refusent cette autorité exogène, se révoltent et se réfugient dans les montagnes du nord-ouest du pays. Une politique nationaliste exalte en outre le sentiment de supériorité de l’ethnie thaïe sur les autres groupes ethniques, stigmatisés comme tribus primitives et hostiles.
La politique est cependant nuancée dans les années 1960 a cause de la menace communiste du Vietnam. Des mesures économiques en faveur de certaines minorités comme les Hmongs profitent aussi aux Karens.
Plus récemment, l’arrivée massive de réfugiés en provenance de Birmanie a concentré l’attention de la communauté internationale sur les camps de réfugiés en Thailande, à partir du milieu des années 1990.
Outre les Karens birmans issus des mouvements de population des deux dernières décennies et condamnés à vivre sans statut juridique défini dans des camps de réfugiés, on observe trois groupes de populations distincts de Karens thaïlandais dans la Province de Tak.
Les premiers se regroupent dans les villages isolés des opportunités économiques issus du dynamisme thaï. Ils doivent faire face aux problématiques d’une ouverture culturelle et sociétale au monde moderne.
Les seconds, davantage reliés au maillage industriel ou agricole du Royaume de Thaïlande par les routes goudronnées, vivent leur existence au sein de villages de la plaine en coexistence avec les autres ethnies.
Les derniers, fruits de l’exode rural, poursuivent une existence plus assurée avec des emplois plus rémunérateurs. Pourtant ils manquent encore de qualifications, ce qui fait d’eux une cible facile aux discriminations de toutes sortes.
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